Les politiciens français, des zombies

À peine avait-elle calmé le jeu au sein de son gouvernement, qu’Angela Merkel vient de connaître un nouveau revers avec la défaite surprise de son poulain aux élections à la tête du groupe parlementaire de la CDU. Cela confirme la dynamique engagée, le pouvoir de la chancelière est à son déclin. L’interrogation sur son avenir se double d’une seconde sur celui de la grande coalition.

Des hypothèses circulent selon lesquelles elle pourrait rebondir à la présidence de la Commission ou bien du Conseil européen, avant la fin de la législature. Ce qui laisserait entier le problème de l’adoption d’une nouvelle formule gouvernementale, celle de la grande coalition ayant donné tout ce qu’elle pouvait.

Dans les sondages, les trois partis de la coalition n’atteignent plus que 45% des voix, voilà qui plus que le départ d’Angela Merkel signe la fin d’une époque. Et il devient difficile, au vu des derniers développements au sein du groupe parlementaire de la CDU, de prédire le résultat d’une motion de défiance à l’encontre de la chancelière si elle était prochainement présentée au Bundestag.

Une résurgence de la formule de la coalition à la Jamaïcaine se profile donc à un horizon plus ou moins rapproché, regroupant la CDU-CSU, le FDP et les Verts. Lors de la première tentative, elle n’avait pas pu être mise sur pied, en raison de la défiance manifestée par le FDP à l’égard d’Angela Merkel, soupçonnée de trop vouloir accorder à Emmanuel Macron. Dans ce nouveau contexte, l’objection n’aurait plus lieu d’être.

Si Angela Merkel ne prend pas d’ici là l’initiative, de nombreuses consultations vont se tenir d’ici 2021 – date des prochaines législatives – dans les Länder ainsi que localement. Elles vont donner l’occasion à répétition de manifester une désaffection déjà enregistrée dans l’opinion, simultanément à l’essor de l’AfD d’extrême-droite.

Les perspectives qui se dessinent laissent fort peu de place à une inflexion de la politique européenne en Allemagne. La réaction au renforcement du dispositif de Donald Trump contre l’Iran, aussi significative d’une lente dégradation du statut du dollar qu’elle soit, n’est pas dans le court terme d’une grande portée. Et le système de troc qui est prévu ne va contourner que très partiellement les interdits américains.

À terme, pour que l’euro puisse prétendre remplacer le dollar dans de nombreuses transactions commerciales – comme celle concernant l’énergie avec la Russie – il faudrait que la monnaie unique, comme le dollar, soit portée par une union monétaire accomplie, disposant d’un marché de capitaux profond et d’euro-obligations. Ce n’est pas le cas.

Ce n’est pas dans cette perspective que Bruno Le Maire, le ministre français des finances, a lancé en début de semaine un nouvel avertissement à ses collègues. Il a jugé « dangereux » et même « irresponsable » de ne pas accélérer la réforme de la zone euro, donnant comme raison la nécessité de se préparer à « un profond choc économique ». Abordant la même question sous un autre angle, Pierre Moscovici, le commissaire aux affaires européennes, a déclaré dans les couloirs de l’Assemblée générale annuelle des Nations Unies « avoir un budget de la zone euro est absolument crucial si nous voulons contrer le défi populiste, nous attaquer à la question brûlante des inégalités ».

Tous deux ne font qu’exprimer l’absence d’une politique de rechange, qui supposerait de s’opposer aux autorités allemandes, et se condamnent à regarder passer les trains, à moins qu’ils renouent avec leurs espoirs passés et déçus, lorsqu’ils escomptaient du retour du SPD au pouvoir qu’ils allaient être mieux compris.

Pour tout dire, ils donnent fâcheusement l’impression de parler en l’air. Rejoignant en cela la posture d’Emmanuel Macron qui annonce vouloir marquer la présidence du G7 par la France par la question des inégalités. On attend les actes. La dynamique politique allemande ne se prête pas à de telles ouvertures en Europe. Pas plus que le SPD hier, les Verts ne bénéficieront demain d’un rapport de force leur permettant de l’initier. Et, quant au danger « populiste » de l’extrême-droite et à la meilleure manière de le combattre, il consiste en premier lieu à l’identifier, ce qu’Emmanuel Macron évacue en dénonçant « les provocations des extrêmes ». Et à ne pas appliquer sa politique au prétexte de lui couper l’herbe sous le pied.

Nous connaissions les banques et les entreprises zombies, cela va être au tour des politiciens de se voir étiqueter ainsi !

3 réponses sur “Les politiciens français, des zombies”

  1. Comme à la belle époque, la France (ou plutôt la classe politique pour une grande part) est sur un petit nuage, avec une guerre de retard…..Certainement le fruit du Genius Loci, d’un pays tempéré où l’on a coutume de dire, en sifflotant et siroter un petit verre de vin : « Après la pluie, le beau temps »….. et pendant ce temps, le grand frère américain se déchire, pendant que la soeur italienne se morfond, etc…..alors zombies, certainement….!

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